Coupe de France : un derby pour rêver !

Un samedi de fin novembre en Alsace, il y a du monde sur la route. Nous sommes nombreux à nous diriger vers Colmar. Trois kilomètres avant la sortie de l’autoroute, je me retrouve dans les bouchons. Mais la foule n’a pas pour destination le Colmar Stadium : le match du jour a beau être un classique du football alsacien, il ne rivalise pas avec les lumières et le vin chaud du marché de Noël. Je résiste cependant à ces sirènes et bifurque, comme prévu, vers ma destination initiale. Récit d’un retour, pour moi, aux bords des terrains !

Le 8e tour ? Presque une demi-finale…

Ce samedi soir, le SR Colmar accueille donc le FR Haguenau pour un huitième tour de Coupe de France de football. En jeu, une qualification pour les 32e de finales, un graal pour tout club amateur : c’est à ce stade que les équipes de Ligue 1 entrent en lice… Le vainqueur aurait il y aurait donc une probabilité d’accueillir un cadors national, garantie d’une expérience incroyable pour les joueurs, d’une médiatisation exceptionnelle et d’une recette de trésorerie inespérée. Un 8e tour de Coupe de France, c’est donc presque une demi-finale !

Dirigeants et joueurs ne s’y trompent pas. Ils ont, par articles interposés dans la presse locale, chacun annoncé leur ambition… gagner, pour se donner le droit de rêver. Le président colmarien espérait pour une affluence à la hauteur de l’enjeu, mais seul un demi-millier de spectateurs seront présents, soit trois fois moins qu’attendu… « Il y aura plus de monde contre le PSG ! » me glisse le responsable de la sécurité, à mon arrivée, avant de m’aiguiller vers la salle de presse.

L’avant match : retour au bord du terrain

J’arrive au stade une bonne heure avant le match avec le but de réaliser un reportage audio–visuel, et de tester mon projet de récit de sport. Je viens tout juste de réceptionner deux outils qui me manquaient : un télé-objectif adapté à la photo de sport, une petite prouesse optique et numérique du XXIe siècle qui vient se visser sur mon boîtier hybride, et un appareil argentique grand angle de chez Lomography, un objet au contraire d’une simplicité totale.

Cela faisait longtemps que je ne m’étais pas retrouvé dans le couleur des vestiaires et au bord du terrain : j’ai moi même joué au football (parmi les plus bas niveaux possibles), avant d’occuper des fonctions de reporters pour divers médias locaux et de communiquant pour le FR Haguenau, justement (2020 – 2023). J’apprécie ce retour aux premières loges. Comme souvent, j’aime prendre la température du match et sentir la pression monter : entendre le speaker accueillir les premiers spectateurs, voir les tribunes se remplir et les joueurs entrer sur le terrain pour l’échauffement ; sentir l’intensité des exercices augmenter, les regards et les attitudes se faire de plus en plus déterminés ; jusqu’à l’annonce de la composition des équipes, et enfin l’entrée des deux équipes sur le terrain. Cela faisait longtemps que je n’avais pas vécu un match aux premières loges, c’est top d’être là !

Le match !

Haguenau attaque fort et se créé deux énormes occasion dès le coup d’envoi. Colmar resserre les boulons, et dans un match engagé disputé sur une pelouse grasse, prend peu à peu l’ascendant, jusqu’à ouvrir le score. Ali M’Madi, bien lancé en profondeur, évite la sortie de Stéphane Schneider et parvient à glisser le ballon dans le but vide (39e). Peu avant la pause, le SRC a même l’occasion de doubler la mise mais la frappe de Keita trouve finalement la barre.

Ali M’Madi évite le gardien, avant d’ouvrir le score.

En deuxième mi-temps, la tendance s’inverse. Colmar, attentiste, laisse Haguenau prendre le jeu à son compte mais ses tentatives sont maladroites. Romain Metzger, défenseur central, se retrouve une nouvelle fois dans la surface de réparation, et catapulte un deuxième ballon dans les filets du SRC (74e). Les bleus continuent alors d’attaquer, mais les verts (en blanc) résistent. 1 partout score final, direction la séance de tirs au but.

L’égalisation de Romain Metzger, sous le regard impuissant du gardien, et malgré trois défenseurs.

Un joueur dans le match

Il n’a pas été décisif dans ce match contre Haguenau, mais j’ai tout de même envie d’ouvrir une parenthèse et de faire un petit focus sur ce joueur… Je suis supporter du RC Strasbourg depuis mon enfance. J’ai vécu avec enthousiasme la reconstruction et la remontée du Racing, de son dépôt de bilan en 2011 à la multipropriété en 2023. L’une des étapes de cette remontée a été le passage par le championnat de National. Et parmi les joueurs présents sur le terrain ce soir, l’un a porté le maillot du Racing durant cette période : Abdelhak Belahmeur !

Belahmeur est un milieu de terrain offensif de 33 ans. Après avoir bourlingué dans les clubs de Strasbourg et sa périphérie (Vauban, Neuhof, Geispolsheim, Mars Bischheim…), le strasbourgeois de naissance effectue ses débuts chez les adultes au CS Neuhof (qui évolue alors en Excellence), avant de rejoindre Sporting Club Schiltigheim en 2011 (CFA2), puis le RC Strasbourg deux ans plus tard.

En trois saisons, de 2013 à 2016, Belahmeur a porté le maillot bleu et blanc 70 fois en championnat, pour quatre buts inscrits, dont une superbe frappe pour arracher un match nul en toute fin de match, contre Luzenac.

Le 3 juin 2016, le Racing accède à la Ligue 2 et rejoint le monde professionnel. Le niveau s’élève, trop pour Belahmeur. L’entraîneur change, il ne compte plus sur le joueur. Belahmeur est d’abord prêté à Créteil, en National, avant que son contrat ne soit résilié, en 2017. Il signe alors à Avranches (une saison en National), puis à Voluntari en Roumanie (un peu plus d’une saison en Liga I). En 2020, il retrouve l’Alsace et signe au SR Colmar, où il évolue toujours aujourd’hui, en National 3.

Les tirs au but

Retour au match… Le thermomètre frôle les 0°, et même si j’aime beaucoup le foot, ça ne me dérange pas de sauter la case prolongation, qui ont été supprimées depuis la saison 2020-21, et ce jusqu’aux demi-finales. Je me suis bien couvert mais je commence à subir le froid !

La séance de tirs au but se déroulera à l’opposée du terrain, par rapport à ma position en deuxième mi-temps. Je décide de ne pas me précipiter et de rester à ma place, pour avoir une photo des deux équipes de dos, tournées vers l’action.

Je rejoins la surface de réparation juste au bon moment, pour saisir le premier arrêt de la soirée de Stéphane Schneider ! Le gardien du FR Haguenau est le héros de cette séance de tirs aux buts : il stoppe en effet deux tirs colmariens (un troisième s’était entre temps échoué sur la barre transversale). Mieux que maintenir son équipe à flot, il offre la qualification à son équipe : 4-3.

Haguenau, encore !

Après avoir remporté ses 4 dernières confrontations en championnat et précipité la chute des colmariens en Nationale 3 lors de l’épilogue de la dernière saison, Haguenau continue d’être la bête noire du SR Colmar. Une suprématie régionale qui sera peut-être remise en jeu dans les prochaines années, en Nationale 3 que risquent de rejoindre les bas-rhinois tant ils flirtent chaque année avec la relégation, ou en Nationale 2, l’objectif visé par les haut-rhinois. Une fois de plus le SR Colmar rejoint donc le vestiaire la tête basse, tandis que le FH gagne, pendant 48 heures, jusqu’au tirage au sort des 32e de finales, le droit de rêver affronter une grande équipe de Ligue 1, ou de briser son plafond de verre et aller encore plus loin dans la compétition.

De mon côté, même si mon cœur balance pour Haguenau, j’ai vécu ce match dans une nouvelle peau, celle de « reporters/blogueurs/photographe sportif » pour la première fois. Le chemin du retour est calme, mais j’ai hâte de découvrir mes photos, et le prochain adversaire de Haguenau en Coupe de France. Moi aussi, je rêve d’une grande équipe de Ligue 1 pour Haguenau !

PS : un grand merci au SR Colmar pour son accueil, à Quentin pour la demande d’accréditation et un grand salut au staff presse et com que j’ai croisé au bord du terrain, et avec qui j’ai échangé. On se reverra sûrement !